2 - Préserver l'environnement par l'alimentation: doit on préférer une alimentation Bio ou Locale?
- Gabrielle Gauthier

- 1 mai 2020
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 juin 2020
Partie 2 - Quelles sont les différences nutritionnelles entre des aliments issus d’agriculture biologique, locale et industrielle ?
Suite de l'article traitant l'éco-alimentation
N'hésitez pas à me partager vos impressions et bonne lecture !
Ce travail a été réalisé à partir de revues scientifiques et de divers rapports des hautes autorités compétentes.
Attention ce travail n'est pas libre de droit! Si vous souhaitez l'utiliser ou vous en inspirer contactez-moi au préalable!
Avant même de continuer la lecture de cet article, je t'invite à lire l'article précédent expliquant qu'est ce que l'Éco-alimentation, manger bio et l'alimentation locale.

Quelles sont les différences nutritionnelles entre des aliments issus d’agriculture biologique, locale et industrielle ?
Pesticides et compagnie, les limites du Bio et du Local
Combien de pesticides avalons nous chaque jour ? 10 ? 50 ? 100 ?
Selon un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments publié en 2016, un tiers des fruits et des légumes analysés en contenait au moins 2. Mais certains fruits tels que le raisin, les fraises, les pommes et certains légumes comme les poivrons en contenaient jusqu’à 10 ! Vous retrouverez ici un rapport réalisé en 2018 par European Food Safety Authority complétant mon discours. En 20 ans, la présence de ces divers pesticides dans les céréales, fruits et légumes ont presque doublé: de 15,4% en 1997 nous sommes passé à 28% !
Pour obtenir le logo AB, les produits transformés doivent avoir minimum 95% de leurs composants issus d’agriculture biologique. Le reste peut ne pas être Bio. En effet, certains composants alimentaires ne sont pas cultivables sans pesticides (c'est le cas des épices par exemple). Toutefois, un autre rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a montré que 13,5% des échantillons Bio contenaient des résidus de pesticides, contre 46,7% des aliments classiques.
Mais pour bénéficier du label Bio il ne suffit pas de supprimer les pesticides, on exclut aussi les autres produits de synthèse comme l’engrais ou les herbicides ; on supprime les antibiotiques, les exhausteurs de goût, les colorants et arômes non naturels et on limite le nombre d’additifs (47 additifs sont acceptés pour le Bio face à 390 pour les aliments non Bio).
Contrairement à l’agriculture biologique, l'agriculture locale n'interdit pas l'usage de ces produits!
Certes le transport à première vue pollue moins, mais l'agriculteur est libre de faire ce qu'il souhaite.
Fort heureusement, les fermiers proposant ce type de service ne font généralement pas les choses à moitié et, si leurs produits sont bio, ils l’indiqueront. Faites toutefois attention! Dans les grandes surfaces, ils peuvent proposer des produits locaux (comme les produits bruts) sans pour autant indiquer les informations concernant l'éventuelle utilisation de produits de synthèse.
De plus, à proximité des grandes villes, un aliment produit localement peut être souillé par la pollution de l'air ou des sols générée par ces mêmes villes.
Par conséquent cet aliment sera pollué, que cela soit une salade ou une vache.
Ce mode d’agriculture est quitte ou double, il est sage d’être vigilant à tous ces facteurs qui peuvent modifier d’une quelconque manière les aliments.

Les nutriments
Les aliments « locaux » sont ils meilleurs nutritionnellement ?
A priori la grande différence entre les aliments locaux et les aliments industriels est le transport. Mais en pratique, leurs différences sont plus importantes.
Premièrement, une alimentation locale rime avec une alimentation de saison. En mangeant selon les saisons, on privilégie certains légumes et certains fruits, donc certaines vitamines et certains minéraux, plus que d’autres. La nature est bien faite vu que ces nutriments sont finalement ceux dont nous avons besoin à une période donnée de l’année. Ceci rend les produits locaux plus intéressants que les autres.
De plus, comment manger de la viande et des poissons locaux? Cela demande à faire appel aux fermes et pêcheurs locaux. Pour les fermes, celles-ci ne réalisent pas d’élevage intensif et ainsi favorisent la qualité à la quantité avec notamment une alimentation saine pour le bétail et de meilleures conditions de vie. Ce qui a un impact direct sur le goût de ces aliments !
En 2003, l’Agence Française de sécurité sanitaire des aliments (actuel ANSES) a conclu, à partir d’études réalisées par des organismes certificateurs, que les aliments issus d’agriculture biologique possèdent une concentration en certains nutriments plus élevée (document pdf de AFSSA - ANSES). Résultats soutenus par les méta-analyses de 2014 et 1016 conduites par l’Université de Newcastle.
Ces études ont démontré que ce mode de production est à l’origine des atouts nutritionnels des aliments bio : ils ont une teneur supérieur en polyphénols pour les fruits et légumes, en Acide Gras Polyinsaturés dans la viande bio et la lait de vache bio est naturellement plus riche en oméga 3. D’autant plus que 12 autres revues ou méta-analyses viennent soutenir ce fait. Celles-ci complètent l’Université en montrant des teneurs supérieures en vitamine C, en antioxydants ainsi qu’un rapport oméga 3 sur oméga 6 plus élevé.
Toutefois, selon 3 autres études, ces résultats n’ont pas de différence nutritionnelle cohérente et suffisante. Mais les faits sont là, et ces dernières ne suffisent pas à convaincre le public du contraire.
De mon point de vue de nutritionniste, il faut tout de même être vigilant aux produits issus d’agriculture biologique achetés. Ces études démontrent que la qualité des nutriments des aliments bruts Bio (viande, poisson, fruits, légumes, céréales, lait etc.) n'est pas meilleure que celle des aliments brut non Bio .
D'autant plus que certains des produits industriels bio ne sont, nutritionnellement parlant, guère intéressant ! En fabricant le produit, les industriels y ajoutent divers ingrédients et compensent certains produits interdits par d’autres pouvant être tout aussi néfastes (comme les additifs par exemple). Cela ne s’arrête pas là : prenons l’exemple des biscuits Bjorg fourrés au chocolat noir . En observant les valeurs nutritionnelles, on constate qu’il s’agit d’un aliment très énergétique : 2 004 kJ pour 100g de biscuits ; très gras 20% de matières grasses dont 7% d’Acides Gras Saturé ; et encore plus sucré 65% de glucose dont 27% de sucres. En pensant acheter une boite de biscuits sains, on se retrouve avec entre les mains un amas de glucose et de matières grasses, appétissant !
C’est pour cette raison qu’il ne faut pas se faire avoir en ayant le préjugé du « c’est bio donc c’est bon pour la santé ».

Vous retrouverez la fin du travail de recherche dans un dernier article traitant des conséquences sur la santé de ce changement de composition nutritionnelle. D'ici là, je vous invite à visionner la vidéo de Science & Vie qui vous permettra d'avoir un autre point de vue sur la question. Pour plus d'informations, n'hésitez pas à laisser un commentaire!
Merci pour vos retours et pour votre soutiens 😊



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